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éloge des blondes

Le texte de Fontenelle et la réponse de Fuzelier se trouvent aux pages 325 à 328 du manuscrit 9577 de l’Arsenal. On trouve également le texte de Fuzelier dans le manuscrit 3286 de l’Arsenal,  ff. 127 ro—vo. Télécharger au format PDF.

Éloge des brunes

par Monsieur de Fontenelle Nous proposons ce texte tel que Fuzelier lui-même le copie dans le manuscrit.

Brunette fut la gentille femelle

Qui tant charma les yeux de Salomon,

Et fit tourner cette docte cervelle

Dont les beaux dits sont cités au sermon :

Qui dit brunette, il dit spirituelle ;

Il dit aussi vive comme un démon.

Et s’il vous plaît, tous ces jolis visages

Qui de la Grèce affolèrent les sages

Et comme oisons les menaient par le bec,

Qui pensez-vous que ce fussent ? Brunettes

Aux beaux yeux noirs et qui dans leurs goguettes

Disaient, Dieu sait, gentillesses en Grec ;

Autre brunette aujourd’hui me tourmente,

Moi philosophe ou du moins raisonneur

Et qui pouvais acquérir tout l’honneur

Et tout l’ennui d’une âme indifférente.

Or vous, messieurs, qui faites vanité

Des tristes dons d’une austère sagesse,

Quand vous verrez Brunettes d’un côté,

Passez de l’autre en toute humilité ;

Brunettes sont l’écueil de votre espèce.

Éloge des Blondes

ou réponse aux vers précédents

Qu’avancez-vous, aimable Fontenelle ?

Vous nous chantez étrange ritournelle !

Vous qui charmez raison et sentiment,

Rare docteur qu’à la cour de Cythère

Et de Minerve on cite également ;

Vous qui d’Amour dirigerez la mère

Si directeur la gouverne jamais,

Votre morale en un point je rejette,

Lorsque prisez blonde moins que brunette,

Dogme hérétique et lésant les attraits

De Vénus même ! Or si craignez sa haine,

Prévenez-la par un prompt repentir ;

Blonde toujours de la beauté fut reine ;

De tout Paphos c’est la doctrine saine,

Auteur galant ne doit s’en départir :

Gente brunette a séduit votre veine,

Et c’est le cas qui vous a fait sortir

Du bon chemin ; qu’Amour vous y ramène !

Vos vers brillants bien que semblent partir

Du cabinet du dieu de l’Hippocrène

Sur ce point-là ne m’ont su pervertir

Quand je les lus j’étais près de Climène.

Les quatre derniers vers sont barrés d’une croix dans le manuscrit 9577.